La Création
Islam et christianisme : fausses ressemblances, vraies différences – par Henri de Saint-Bon
La Création
Le christianisme et l’islam proclament que notre univers a été créé par Dieu, qu’il est son œuvre. Il n’est pas le fruit du hasard. La nature ne s’est pas auto-générée. Cette croyance commune ne recouvre pourtant pas la même signification pour le chrétien ou le musulman. Elle ne confère donc pas à l’homme la même place ou le même rôle dans cet univers.
Et comme toujours pour les articles de cette série « Islam et christianisme : fausses ressemblances, vraies différences », vous trouverez en fin d’article un tableau de synthèse récapitulant les fausses ressemblances et les vraies différences.
Dans le Coran

Le vocable ‘’création’’, ‘’créateur’’, ‘’créer’’, ‘’créature’’ apparaît plus de cent fois dans le Coran. Selon ce livre :
- Dieu a créé toutes choses : le ciel et la terre, tout ce qui est sur la terre, le soleil, la lune et les étoiles, le jour et la nuit, les animaux par couples mâle et femelle, l’homme, puis la femme. Il a tout soumis à son commandement. Et si Dieu a créé les animaux et les choses, c’est pour l’homme.
- Il lui a fallu six jours pour créer tout cela, mais il l’a fait une fois pour toutes, sans fatigue et pour un temps fixé (30, 8). Et comme il n’a pas été éreinté par ce travail, il procèdera à la fin à une seconde Création (53, 47) qui se concrétisera par la résurrection des hommes.
Ainsi, tout est à lui (4,126 ; 22,64). Il est le tout puissant, l’omniscient.
Le Coran précise que :
- Dieu a créé l’homme à partir de la boue (6 2 ; 23,12 et 32,7), ou d’une eau répandue (86,6), ou d’une goutte de sperme (16,4 ; 22,5 et 23,14).
- Il l’a créé inquiet et craintif (70,19), faible (4,28) et même ignorant (33,72), d’où il résulte que cet être humain fait l’expérience de la faute et qu’il éprouve le duel entre le bien et le mal.
- Il a créé la femme à partir de l’homme, mais à un rang inférieur (2,228 ; 2,282 ; 4,34 ; etc.).
- L’être humain a été créé pour adorer (ibada) Dieu (2,21 ; 51,56 ; etc.), être soumis à sa loi et accomplir son œuvre dans tout l’univers. Telles sont sa finalité et sa mission. Telle est sa condition de ‘’serviteur-adorateur’’ (abd).
- Outre l’homme, Dieu a créé, à partir du feu, des djinns destinés aussi à l’adorer (51,56) et à qui sont attribuées des actions soit bienfaisantes soit malfaisantes.
Quelques compléments et commentaires s’imposent :
- Dieu met six jours pour créer le monde. À la fin du sixième jour, la Création est entièrement achevée. Il en résulte que tout est consommé à ce moment. L’histoire des hommes n’apporte plus rien. Les jeux sont faits: tout est joué. La Création est définitive. Elle est parfaite. Elle n’a plus à s’accomplir. Elle est l’œuvre de Dieu seul. L’homme n’a plus aucun rôle sur elle.
- L’homme est bien le centre de la Création puisque tout est créé pour lui. Dieu lui confie la gérance de cet univers achevé. Il est le représentant, le suppléant, le «lieu-tenant» (khalifat, calife, cf. 2,30) de Dieu sur terre pour l’organiser et la soumettre. Telle est sa place, tel est son rôle. C’est un gestionnaire qui se doit d’être avisé.
- L’homme est soumis à Dieu mais, en même temps, il est responsable de ses actes, d’où une certaine contradiction apparente aux yeux d’un non musulman. Comment concilier, en effet, cette soumission et la liberté de l’homme face à la toute-puissance de Dieu ? Ce débat a agité le monde musulman dès son origine et l’a divisé entre ceux qui considéraient que l’homme ne dispose d’aucun espace de liberté et ceux qui proclamaient que l’homme est radicalement libre et qu’il dispose de son total libre arbitre.
- Le monde ne va pas vers le néant. Les hommes ressusciteront. Il y aura une vie future, un nouvel univers où chacun sera définitivement soit au ciel soit en enfer. Mais la perspective de cette ‘’seconde Création’’ ne fournit rien de plus à la première, ne l’oriente nullement.
- Dieu reste extérieur au monde qu’il a créé. Il peut se passer des hommes, il n’en a nullement besoin (39,7), il n’est pas engagé dans leur vie et le Coran précise dans de très nombreux versets – ce thème est récurrent – qu’il « se suffit à lui-même ». Dieu laisse l’humanité se débattre dans ses angoisses et ses difficultés.
- L’homme n’a pas fondamentalement besoin de salut. Faute de relation d’amour avec Dieu, cet homme se retrouve précipité dans ce monde d’une manière arbitraire, fût-elle divine. Par ailleurs, si Dieu a créé la vie et la mort, c’est pour éprouver l’homme et savoir quel est le meilleur en œuvres (67,2). L’homme est donc invité à rivaliser sur le chemin de la droiture.
- Il n’est aucunement demandé à l’homme d’aimer Dieu et son prochain et le musulman ne sait pas que Dieu est Amour et qu’il est aimé de Dieu.
- L’infériorité de la femme par rapport à l’homme est voulue par Dieu. Elle est inhérente à la Création. Elle est nettement et plusieurs fois affirmée dans le Coran [1] . Il n’y a pas d’ambiguïté possible sur cette donnée. Toute présentation ou interprétation du texte dans un sens plus favorable le trahirait.
- Quelques contradictions apparaissent dans le récit de la Création. Ainsi des diverses origines à partir desquelles l’homme a été créé, comme indiqué précédemment. Ainsi, étrangement, du verset 41, 9 qui fait état d’une Création en deux jours, alors que tous les autres traitant de ce thème précisent bien que Dieu a mis six jours pour créer le monde.
- La notion de djinns est typiquement islamique. Elle n’apparaît pas et n’a aucun équivalent dans les écritures chrétiennes.
- Si le Coran développe souvent l’idée que le mal est en l’homme et qu’il vient de lui, a contrario, selon certains versets et certains hadiths, ce mal est d’origine divine [2].
Reste la question fondamentale que se pose l’humanité depuis ses origines et sur laquelle se sont notamment penchés les penseurs grecs : Dieu a-t-il créé le monde à partir du néant ou a-t-il réorganisé ou remis en ordre un chaos originel antérieur, est-il le créateur absolu (badi) ou l’initiateur (ibda)?
Le Coran ne répond pas et ne conclut pas. Ou plutôt, il apporte les deux réponses selon les versets [3] . En fait, les musulmans considèrent que cette question relève de Dieu, qu’elle est de son domaine et que, par respect, il ne convient pas à l’homme d’y apporter une réponse [4] car c’est Dieu seul qui en détient la clé.
La vision du christianisme est dans la lignée de celle du judaïsme

[CC Creative Commons]
Dans la lignée du judaïsme, le christianisme présente et définit Dieu d’abord comme le créateur. « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre» (Gn 1,1). Il confesse que Dieu a créé toutes choses. L’univers, dans son infiniment grand et dans son infiniment petit, est œuvre de Dieu. Le temps et l’espace sont création de Dieu. Rien n’existerait sans Dieu.
Dieu crée tout cela à partir du néant, à partir du tohu et du bohu dit précisément le deuxième verset du premier chapitre de la Genèse, c’est-à-dire en hébreu, du désert et du vide. Cette affirmation est essentielle car c’est en s’appuyant sur elle que le christianisme induit et peut proclamer la préexistence de toute éternité d’un Dieu qui est volonté, intelligence, sagesse, pensée et qui crée l’univers avec un but bien défini et bien précis, dont l’œuvre est finalisée. Dieu a donc un plan, un dessein lorsque, par une libre disposition de lui-même, il est créateur.
Cette finalité de la Création, c’est l’être humain. Tout ce que Dieu crée pendant les cinq jours précédant la création de l’homme le sixième jour est pour l’homme.
L’être humain est le sommet de la Création [5].
Dieu crée l’homme ‘’à son image’’, ce qui signifie que, contrairement aux animaux, l’homme, créature douée d’intelligence et de volonté, est capable de connaître Dieu, de l’aimer et d’entrer en relation avec lui; et ‘’à sa ressemblance’’, ce qui signifie que, par sa réflexion ou son parcours spirituel et s’appuyant sur les dons naturels et sur la grâce surnaturelle divine reçue, il est destiné à être divinisé, c’est-à-dire qu’il est convié à partager la gloire de Dieu au ciel, à entrer dans son intimité, tout en conservant son essence d’homme.
C’est la sainteté à laquelle tout homme est appelé. C’est là toute la dignité de l’homme.
« Sache combien le Créateur t’honore, plus que le reste de la Création. Le ciel n’est pas à l’image de Dieu, ni la lune, ni le soleil, ni les astres si beaux, ni rien de ce qui apparaît dans la Création. Toi seul es l’image de la nature qui dépasse toute intelligence, toi seul ressembles à la beauté incorruptible, tu es la marque de la vraie divinité […]. Rien n’est assez grand dans le monde pour supporter la comparaison avec ta grandeur. Le ciel est tout entier contenu dans l’empan de Dieu, la terre et la mer sont enfermées dans son poing. Et pourtant, lui, si grand, lui tel qu’il est, capable de tenir dans sa main toute la Création, devient tout entier contenu en toi; il habite en toi sans se sentir à l’étroit lorsqu’il entre en ta nature ».
Ces mots sont de saint Grégoire de Nysse. Le dessein de Dieu lors de la Création est de tirer, d’attirer l’homme vers lui, de lui faire partager sa gloire céleste et divine. Et si Dieu crée l’homme, c’est par amour. Le moteur de la Création est l’amour infini de Dieu. Car Dieu n’est qu’Amour [6].
Toute la Création est le signe de l’amour de Dieu. Dieu révèle sa nature même d’amour à travers toutes choses et notamment à travers l’homme qui est, par excellence, le lieu privilégié de la révélation de Dieu. « L’être humain est la manifestation de l’être de Dieu » dit saint Thomas d’Aquin.
Cette Création n’est pas, comme dans l’islam, réalisée une fois pour toutes, ni achevée. Non. Elle se prolonge sans cesse, à tout instant, tous les jours et ne se terminera qu’à la fin des temps. Elle est en évolution, elle est en devenir. L’homme est chargé de parachever la Création. Dieu lui confie le soin de nommer les animaux (Gn 2,19-20) [7].
Car le septième jour, Dieu se repose. Il se repose car il transmet alors à l’homme le devoir de continuer son œuvre. Si, dans la vision islamique, Dieu existe (ou subsiste) par lui-même (2,255 ; 3,2 ; 20,111) et se suffit à lui-même (4,131 ; 6,133 ; 22,64 ; 27,40 ; 60,6 ; 64,6 ; etc.) [8] , s’il peut se passer des hommes, s’il n’en a pas besoin, le christianisme proclame que Dieu n’est qu’Amour, ce qui implique un échange permanent et que, selon sa volonté divine et souveraine, il ne veut pas pouvoir rester seul. Il veut avoir absolument besoin de l’homme, bien qu’il n’en ait pas besoin, mais il s’en remet à lui par amour. Il compte sur lui pour parachever sa Création qu’il lui confie. Car Dieu a entrepris une œuvre gigantesque en créant le monde, mais il convient d’achever de construire ce monde et c’est le rôle qu’il a dévolu à l’homme.
Ce regard de Dieu sur l’homme fonde et justifie toute la grandeur et toute la dignité conférées à ce dernier. L’homme n’est pas seulement le gérant de cet univers. La Création ne sera achevée qu’à la fin des temps. Le royaume de Dieu sur terre reste à construire. L’histoire des hommes apporte quelque chose, elle a un sens [9].
En outre, pour que l’homme soit divinisé, Dieu a choisi de s’humaniser, de se faire homme. Dieu, par pur amour, envoie son Fils sur terre dans cet unique but. On est là dans le mystère de l’Incarnation. Dieu vient vers l’homme et partage sa condition humaine. Alors que, dans l’islam, c’est l’homme qui doit aller vers Dieu et l’adorer, dans le christianisme, c’est Dieu qui le premier va vers l’homme et l’invite ensuite à aller vers lui. La relation est inversée. Dans l’islam, l’homme cherche Dieu; dans le christianisme, Dieu cherche l’homme: « Dieu appela l’homme : où es-tu? » (Gn 3,9), et c’est bien là sa spécificité.
Enfin, Dieu crée la femme à partir de l’homme. On retrouve cette croyance dans l’islam. Mais, selon le christianisme, Dieu les crée « égaux en tant que personnes et complémentaires en tant que masculin et féminin » (Catéchisme de l’Eglise catholique). La femme est au même niveau que l’homme. Elle est appelée au même destin. Dieu a le même dessein sur elle que sur l’homme. Elle partage aussi les mêmes obligations et se doit aux mêmes commandements. Lorsque Dieu les crée, il emploie le pluriel : « Faisons l’homme [homo et non vir] à notre image… » (Gn 1,26). Il se situe ainsi dans sa pluralité trinitaire et la femme, comme l’homme (vir), est l’image de cette trinité. C’est dire la dignité de l’un comme de l’autre. Ainsi, reconnaissant dans la femme que Dieu lui a présentée l’expression de lui-même en sa propre différence, l’homme apprend à sortir de lui-même en aimant. On constate donc que la différence de vision sur la femme entre le christianisme et l’islam est grande.
Henri de Saint-Bon
Henri de Saint-Bon, né au Maroc, est un ancien officier de l’armée de terre et consultant en organisation et ressources humaines, notamment en Afrique. Il s’est beaucoup investi au sein de l’association Clarifier. Il est l’auteur de Catholique/musulman : je te connais, moi non plus, avec Saad Khiari (F.-X. de Guibert, 2006), du Petit lexique islamo-chrétien (Éditions de l’Œuvre, 2012), du Christianisme oriental dans tous ses états (Le Livre ouvert, 2014) et de L’islam à la lumière de la foi chrétienne (Salvator, 2016), dernier ouvrage dont il tire la série d’articles publiés par Mission Ismérie.
En bref
Vision catholique | Vision islamique |
---|---|
Dieu crée toutes choses et crée l’homme au sommet de la Création. | Dieu crée toutes choses pour l’homme. |
Il crée l’Univers à partir du néant. | La question de savoir si Dieu crée l’Univers à partir du néant ou à partir d’un chaos originel appartient à Dieu : le musulman ne se la pose pas. |
Il crée l’Univers en 6 jours et se repose le 7e jour, i.e. qu’il confie la Création à l’homme ce jour-là. | Dieu crée l’Univers en 6 jours sans fatigue ni besoin de repos. La notion du 7e jour n’apparaît pas dans la doctrine islamique. |
Dieu crée l’homme à son image et à sa ressemblance. | Dieu crée l’homme pour que celui-ci l’adore et « Il n’y a rien qui ressemble à Dieu » (42,11). |
L’homme est créé libre. | L’homme est créé soumis au pouvoir absolu de Dieu. |
Il crée l’homme et la femme « égaux en tant que personnes et complémentaires en tant que masculin et féminin ». | Il crée l’homme puis crée la femme à partir de l’homme mais à un degré inférieur à celui de l’homme. |
En créant l’univers, Dieu ancre son œuvre dans l’histoire des hommes. | Tout est créé par Dieu en une seule fois pour toutes au début. |
La Création est évolutive et continuera jusqu’à la fin des temps. L’Histoire dans le temps est essentielle. | Il crée une fois pour toutes. Au bout des 6 jours, la Création est achevée. L’Histoire dans le temps n’apporte rien, ne compte pas. Tout est donné depuis le début. |
La Création n’est pas achevée ; elle est en cours et l’homme est chargé de la parachever. | L’homme est le gérant, le suppléant de Dieu sur terre. |
Dieu crée l’Univers et l’homme par amour et avec un dessein : que l’homme soit divinisé, mais pour cela, Dieu prend la condition humaine. | Dieu n’a pas de dessein mais il ne se désintéresse pas de sa Création pour autant. |
Dieu a voulu compter sur l’homme pour parachever la Création. | « Dieu se suffit à lui-même » (nombreux versets du Coran) et Dieu peut se passer de l’homme. |
Dieu ne crée que le bien, le mal étant le résultat de la chute d’anges. | Dieu crée le bien et peut être amené à vouloir créer le mal pour mettre l’homme à l’épreuve. (13,11 ; 21,35). |
[1]. « Vos épouses sont pour vous un champ de labour ; allez à votre champ comme [et quand] vous le voulez et œuvrez pour vous-mêmes à l’avance » (2, 223). « Mais les hommes ont cependant une prédominance sur elles » (2, 228). Autre traduction: « Aux hommes appartient un degré supplémentaire.» « [En cas de dette et si le débiteur n’a pas toutes ses facultés] faites-en témoigner par deux témoins d’entre vos hommes; et à défaut de deux hommes, un homme et deux femmes d’entre ceux que vous agréez comme témoins, en sorte que si l’une d’elles s’égare, l’autre puisse lui rappeler » (2, 282). « Voici ce que Dieu vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils, une part équivalente à celle de deux filles » (4, 11). « Les hommes ont le pas sur les femmes, à cause de la préférence que Dieu a manifestée pour les uns sur les autres, à cause aussi de ce que dépensent les hommes pour la subsistance des femmes » (4, 34).
[2]. « Où que vous soyez, la mort vous atteindra, fussiez-vous dans des tours imprenables. Qu’un bien les atteigne, ils disent: “C’est de la part de Dieu.” Qu’un mal les atteigne, ils disent: “C’est dû à toi [Mahomet].” Dis: “Tout est de Dieu.” Mais qu’ont-ils ces gens, à ne comprendre presque aucune parole ?» (4, 78). «… Quand Dieu veut du mal à un peuple, il n’y a personne qui puisse repousser le mal en question. Les gens de ce peuple n’ont pas de protecteur en dehors de lu i» (13, 11).
[3]. Verset relatif à la Création à partir d’un chaos initial : « Ceux qui n’ont pas cru, n’ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Ensuite nous les avons séparés et fait de l’eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas après cela ? » (21, 30) Autre traduction: « …que les cieux et la terre étaient cousus ensemble, que nous les avons décousues… ». Verset relatif à la Création à partir du néant: « Ou bien ils ont été créés à partir de rien, ou bien ce sont eux [les impies] les créateurs [disent-ils] » (52, 35).
[4]. Sur d’autres questions essentielles – par exemple, pourquoi Dieu a-t-il créé le monde? quel est le degré de liberté de l’homme face à Dieu ? –, le musulman adopte cette attitude. Le lecteur jugera s’il s’agit d’une preuve d’humilité ou d’une lacune des textes fondateurs interdisant au fidèle d’aller plus loin dans l’étude et la connaissance de sa religion.
[5]. Cette affirmation forte ne contredit pas la théorie de l’évolution selon laquelle l’homme est le fruit du hasard et de la sélection naturelle. Mais elle se situe sur un autre plan en affirmant que l’homme n’est pas seulement le fruit de l’évolution animale mais aussi de Dieu créateur. Pour le christianisme, l’évolution n’est pas une chose linéaire comme le considérait Darwin mais lorsque l’homme est apparu pour la première fois, il y a eu enrichissement par l’esprit du primate dont il descend biologiquement, ‘saut ontologique’ comme disait Jean-Paul II, transformation qui a fait que cet hominidé n’était plus un animal mais un homme ayant un corps, une âme et un esprit. Et, à l’origine de ce processus, il y a l’acte créateur de Dieu.
[6]. Ce mot ‘’Amour’’ qui revêt de nombreuses significations et qui est si galvaudé de nos jours, a ici un sens bien précis. Il s’agit de l’essence même de Dieu qui se donne entièrement jusqu’à mourir pour chacun de nous. C’est l’agapè des Grecs qui dépasse infiniment la philia (l’amour d’amitié) ou l’eros (l’amour entre un homme et une femme) que l’Église ne récuse pas en tant que tel – bien au contraire – mais dont elle condamne sa « déformation destructrice puisque sa fausse divinisation le prive de sa dignité, le déshumanise » (Benoît XVI, encyclique Deus caritas est). La profondeur de cet Amour-agapè est inconcevable pour nous autres, êtres humains. Il dépasse tout ce que l’on peut imaginer. Il promet l’infini et l’éternité. Il est permanent et définitif. Il s’adresse individuellement à chaque homme sur terre, à chacun de nous qu’il comble de manière unique. Il est don absolu de soi-même pour le bien de l’autre. Il est renoncement qui peut aller jusqu’au sacrifice. Ce n’est qu’après la parousie que nous pourrons en saisir l’étendue, lorsque justement ceux qui l’auront mérité auront été intégrés au Christ-Amour. Dans ce sens, le concept d’’Amour’ n’existe pas dans l’islam.
[7]. Dans l’islam, l’homme reçoit de Dieu le nom des animaux que celui-ci leur a attribué (2, 31).
[8]. Cette vision islamique de Dieu – qui apparaît ainsi comme l’antithèse de l’Amour – est assez terrifiante à admettre pour un chrétien.
[9]. Évidemment, on est là à l’opposé du ‘’sens de l’histoire’’ envisagé selon le marxisme.
To go further : les enseignements du P. Frédéric Guigain sur la création de l’Univers et le jardin d’Éden