« On m’avait caché la vérité sur Dieu pendant si longtemps »
Mon grand-père était moudjahidine pendant la guerre d’Algérie. Il est ensuite venu en France travailler dans les usines. Mon père, arrivé en France à l’âge de 8 ans, est tombé amoureux de notre bon pays. La première fois que j’ai connu Allah, c’était vers l’âge de 3 ans, dans la tristesse de ma pauvre mère qui pensait ne jamais pouvoir aller au paradis à cause du mal fait dans sa jeunesse. Mes oncles avaient parfois des discussions animées sur cette entité toute puissante et je voyais souvent la peur sur leurs visages. Ainsi j’en avais une grande crainte moi aussi. La première fois que j’ai subi Sa volonté, c’est quand mes oncles ont décidé que je devais être circoncis.
Je me souviendrai toujours hélas de cet appartement rempli de curieux qui conseillaient le bourreau, je ne me doutais alors de rien. Les hommes m’ont déshabillé et pesé de leur poids sur mes bras et mes jambes pour que je ne me débatte pas, ça a été un véritable désastre…Mon père n’était pas présent ce jour-là pour me protéger.
Mes parents se battaient souvent et un jour ma mère nous a enlevés, mon frère et moi et emmenés dans le sud de la France. Là-bas, elle nous a abandonnés, nous avons été placés par la DDASS dans plusieurs familles à la campagne. Nous avons connu la faim, le froid et avons été accablés de brimades pendant des années. C’est pourtant là-bas que j’ai connu le Christ pour la première fois dans la cour de récréation : deux camarades discutaient du catéchisme et disaient que Dieu est Amour, j’ai gardé cette Bonne Nouvelle dans mon cœur toute la journée, je me disais que si c’était vrai alors tout était possible…Le soir j’ai demandé à ceux qui nous gardaient si moi aussi je pouvais aller au catéchisme, ils m’ont dit »ce n’est pas pour toi ».
À l’âge de 9 ans notre père nous a enfin récupérés après des années de combat avec la justice. En région parisienne avec notre père que nous aimions tant, nous avons connu l’islam ainsi qu’une grande violence à l’école. Mon père nous avait procuré une carte de bibliothèque qui nous offrait le savoir inépuisable et je me consacrais à dévorer jour et nuit de bons livres. Rapidement j’ai voulu chercher la Vérité, j’avais la conviction que si elle était réelle, elle devait être dans un des livres anciens. Je me suis passionné pour Confucius, Marc Aurèle et beaucoup d’autres, j’avais été marqué par cette parole de Sénèque disant qu’un homme juste, une âme élevée, n’était-ce pas comme si Dieu était descendu parmi les mortels ?
Alors je me suis pris à rêver que Dieu était descendu parmi nous pour proclamer la vérité et nous sortir enfin de l’ignorance. Mais c’était faux, aucun dieu n’était jamais descendu parmi nous sinon on en aurait parlé quelque part, il y aurait au moins eu une trace écrite de sa venue, me suis-je dit. Je me suis passionné pour presque toutes les religions et l’ésotérisme (bouddhisme, chamanisme…) mais jamais plongé dans la Bible car tout le monde (les médias, mon entourage) en disait du mal.
À l’âge de 13 ans, je suis entré dans un internat qui se disait catholique mais il n’y avait aucune croix nulle part et nous n’avons jamais été enseigné sur la Foi. En revanche en tant que musulmans, nous avions des locaux pour nous pendant Ramadan et un éducateur qui m’aimait bien me prêtait aussi beaucoup de livres. Je me suis ainsi plongé dans le Coran et les hadiths dans l’espoir de guider ma vie et de faire la leçon à mes camarades pour qu’ils deviennent meilleurs. En effet, il régnait là-bas une hyper violence quotidienne. Cet endroit concentrait les ados les plus difficiles de toute l’Ile de France. Les éducateurs avaient peur et détournaient les yeux. Mais il n’y avait tout simplement aucune parole qui touchait mon cœur dans le Coran, le »bon exemple » de Mohamed n’en était pas un. J’étais tenté par deux horreurs qui grandissaient en moi : me venger de mes ennemis ou me suicider pour enfin faire cesser la souffrance. Et c’est le passage à l’acte de mon camarade Bernard qui m’a poussé à choisir le gouffre dans lequel je devais chuter.
Un jour il m’avait dit que j’étais « quelqu’un de bien », je l’avais méprisé pour cette déclaration que je pensais être un signe de faiblesse, je ne devais pas me mêler à lui qui était une victime, je ne devais même pas le regarder. Un jour, mes camarades musulmans l’ont attaqué et frappé car il persistait à manger du porc à la cantine ce ‘’mécréant’’. J’ai vu et je n’ai rien fait pour l’aider. Peu de temps après il s’est suicidé.
Non, Bernard, je ne suis pas quelqu’un de bien, je ne suis pas un héros, je suis un lâche, me suis-je dit. Alors j’ai pensé à mourir : je me suis préparé pendant 4 ans, ma mort devait être violente. J’avais 19 ans. Heureusement une série de circonstances m’ont empêché d’aller jusqu’au bout. On m’a emmené à l’hôpital et là une aide-soignante s’est occupée de moi avec la plus grande compassion. Après minuit elle m’a laissé seul, j’étais là à trembler de froid car j’avais perdu beaucoup de sang, mes poumons me brûlaient, je respirais avec peine, j’avais perdu tous mes amis et je ne voulais pas rentrer chez moi. J’étais absolument seul et je souffrais dans tout mon corps. C’est là que le Seigneur est intervenu. En un instant les horreurs qui m’écrasaient depuis des années ont fui, je pensais que c’était impossible, j’ai ressenti une joie comme jamais et pour la première fois j’aimais la vie tellement fort ! Après m’avoir délivré, je voulais tellement qu’Il reste que je lui ai promis deux choses : peu importaient les souffrances que je pourrais ressentir dans l’avenir, j’aimerai toujours la vie et je ne recommencerai plus ce que j’ai fait. Et je deviendrai aide-soignant pour aider les malades à l’hôpital. Je me souviendrai toujours de cette matinée merveilleuse où la beauté et la douceur rayonnaient de chaque parcelle du monde et chaque instant était si précieux. C’était le Roi Victorieux qui m’avait fait cela, je savais qu’Il était au-delà des apparences, qu’il était la Vie, la Vérité et la victoire totale sur les ténèbres. Je vivais dans l’espoir de Le revoir un jour. Absolument rien d’autre ne comptait. Ainsi quelques mois après j’ai passé le concours d’entrée à l’école d’aide-soignant et un chrétien protestant m’a offert un évangile juste en passant la porte pour sortir. Alors j’ai pleuré de joie devant les paroles de Jésus. On m’avait caché la vérité sur Dieu pendant si longtemps… et j’avais tellement désiré que tout cela soit vrai.
Devais-je entrer dans une église catholique ou protestante ? À l’évidence on disait beaucoup de mal des catholiques donc c’était logique…mais ce soir-là, j’ai rêvé de Jeanne d’Arc, elle était tellement heureuse, elle me montrait que la Bonne Nouvelle était vraie. J’ai désiré faire partie de ces gens qui rayonnaient de joie et partaient là-haut dans la lumière. À mon réveil, je suis entré pour la première fois de ma vie dans une église et là, tout de suite à droite, il y avait une statue de Jeanne d’Arc. J’allais chaque jour là-bas et au bout de quelques semaines de contemplation de la Croix j’ai rassemblé mon courage pour aller voir un prêtre et dire simplement que j’avais été touché par cette lecture des évangiles et que je voulais en savoir plus. C’est seulement la troisième personne qui a bien voulu me recevoir.
J’ai suivi le catéchuménat dans une paroisse accueillante mais ma déception était grande car le prêtre disait qu’il fallait voir les évangiles comme des histoires de sagesse et que tout pouvait s’expliquer par la psychologie. Ainsi les miracles et autres histoires extraordinaires étaient faux, on le savait maintenant par la science, disait-il. Lors d’une réunion, un soir, j’ai explosé en disant que Dieu avait bien agi dans l’histoire.
« Non, Dieu n’a jamais agi dans l’histoire car sinon Il nous aurait pris notre libre arbitre » , me répondit-il.
« Mais quand même, lui ai-je dit, Jésus est ressuscité, ses disciples l’ont vu, ils l’ont touché ! »
« Non, ils ne l’ont ni vu ni touché »
C’est là que ma dépression spirituelle a commencé. Sur la dizaine de jeunes présents ce soir-là, tous ont été abasourdis et ont quitté le catéchuménat et la paroisse. Il ne restait plus que moi à venir à la Messe tous les dimanches. J’avais même un très bon ami ancien musulman qui m’avait dit un peu gêné en partant : »Je retourne à l’islam. Au moins les musulmans, on est sûr qu’ils croient en Dieu »
Quant à moi, d’un côté je pleurais de joie à chaque messe, je planais de bonheur et de l’autre côté, je devais me forcer à entendre et croire que tout cela était faux. J’en pleurais parfois la nuit. Tout cela a duré 7 ans jusqu’à ce qu’un prêtre me parle du catéchisme de l’Eglise Catholique. Plus tard, j’ai vécu un renouveau de ma Foi particulièrement extraordinaire grâce à un pèlerinage à Rome et à Paray le Monial. Annoncer la Bonne Nouvelle directement est alors devenu plus fort que moi. Malheureusement, personne dans ma paroisse ne voulait venir faire cela avec moi. Grâce à Dieu, quelques mois après, j’ai rencontré Mission Angelus. L’évangélisation fait aussi pleurer de joie, vous devriez connaître cela !