D’un père sunnite du proche orient et d’une mère orthodoxe originaire des Balkans, C. baptisée enfant grâce à sa grand-mère qui lui transmet l’amour de Jésus et de Marie, grandit dans la concurrence entre l’islam et le christianisme. Adolescente, elle repousse l’islam paternel qui lui impose pressions et restrictions draconiennes, faisant planer le spectre d’un mariage précoce à la moindre incartade. Par crainte du regard des autres, par désir d’assimilation avec ses camarades qu’elle envie et rejet d’une culture source de nombreux conflits entre ses parents et à laquelle elle ne s’identifie pas, elle cachera la part de ses origines arabo-musulmanes. En 2010, durant ses études, par quête identitaire de cette partie d’elle-même longtemps niée, cherchant un moyen de faire la paix avec son passé et de se rapprocher de son père dont elle recherche l’approbation, elle entre dans l’islam. Elle assumera son identité mais restera plutôt discrète sauf en compagnie d’autres étudiants musulmans. C’est en rencontrant son futur mari que l’environnement musulman s’impose à elle à travers la fréquentation de militants nationaux-socialistes actifs au sein d’un parti politique ciblé par l’entrisme islamique (d’influence sunnite soufie puis chiite). Ces prosélytes cherchent à infiltrer les milieux d’extrême droite afin de convertir et rallier à l’islam les conservateurs européens, arguant d’une compatibilité des valeurs et prônant la convergence des luttes contre l’ennemi américano sioniste. « Nous disions aux droitards, aux tradis, que la solution à la décadence occidentale serait un basculement civilisationnel vers l’islam, que nous serions moralement plus proches que des athées de même culture, que le califat remplacerait la république maçonnique… On cite des idéologues de gauche radicale propalestiniens… Le monde islamique est dans un état déplorable mais on accuse les juifs et l’occident, les Saoud sont des salafistes mais le régime des talibans ou le modèle iranien sont plébiscités. Divorcer et changer de femme à loisir, en épouser plusieurs à la fois et même des enfants ressemble plus à du progressisme libertin qu’à du conservatisme chrétien mais encadré par la charia : les filles sont voilées donc les apparences sont sauves »
C. intègre une tariqa1 majoritairement malikite2 à forte dimension eschatologique qui l’enferme alors dans une vision apocalyptique angoissante et sans joie : attente de la guerre civile, attente de la venue du Mahdi3, attente du châtiment des non-musulmans et de l’établissement du califat mondial… «Mais il fallait être dans le camp du bien, le jour où le cheikh4 aurait dit : le Mahdi arrive c’est l’heure de prendre les armes, on se serait levés sur tous les continents ! » Le soufisme insiste sur la continuité et le pont possible entre islam et christianisme. Dans la lutte finale contre le Mal, la France, l’Allemagne, l’Angleterre seraient « des pôles de résistance islamique à la fin des temps». Dans cette vision binaire du monde n’existent ni charité ni espérance, inutile donc d’aimer les mécréants déjà condamnés, le Christ est vidé de toute substance messianique. Nulle rédemption ni transcendance, une finalité floue, un paradis sensible… « l’enrobage ésotérique donnait une illusion de profondeur à une orthopraxie sclérosante et une justification pseudo-intellectuelle à des éléments absurdes ou barbares ». Remarquée pour ses capacités, C. suit les enseignements de plusieurs chyoukh5 , notamment ceux de cheykh O. professeur à l’université islamique d’Al Azhar et dans des instituts shafiite6 et hanafite7. Ses études des sources islamiques s’accompagnent alors d’une dissonance cognitive grandissante face aux écrits traitant de la guerre, de l’esclavage, du viol des captives, de la misogynie, des peines légales… « Pendant 10 ans, j’ai nuancé et circonstancié les faits. » Ces tiraillements vont et viennent en s’intensifiant durant 5 ans surtout lors de ses grossesses : « dans le mariage islamique le consentement de la vierge n’est pas un critère de validité8. La crainte d’Allah m’a fait intérioriser cette dévalorisation et cette réification de la femme mais avoir mes filles fut un électrochoc, comment accepter de leur transmettre un tel bagage ? » C. lutte pour conserver sa foi mais n’étudie plus par crainte de ce qu’elle découvrirait encore dans les textes, puis cesse également de prier. Elle partage alors ses doutes à son mari.
En 2019, C. oriente ses recherches sur la question de l’historicité de l’islam et de ses origines : « J’ai senti que je mettais le doigt sur quelque chose, comme une échappatoire, en réalisant que le narratif islamique traditionnel était certainement faux. J’ai regardé des conférences, acheté le Coran des historiens9, étudié les travaux d’islamologues très divers… » L’édifice s’écroule et C. s’intéresse ensuite à l’histoire biblique et la théologie catholique et comprend que le discours de l’islam sur le christianisme est truffé d’erreurs : elle découvre ainsi ce qu’est la Sainte Trinité, la foi et la morale chrétiennes. Elle compare patristique, magistère et catéchisme aux corpus islamiques : « j’étais émerveillée que les chrétiens aient un tel Sauveur ». Cependant elle ne peut pas encore quitter l’islam : « c’est une prison mentale, il est très facile d’y entrer mais une fois coincés on ne peut plus en sortir. L’emprise est trop forte, on a peur de se tromper et d’aller en enfer. C’est une entité à laquelle j’essayais d’échapper » C. tombe alors dans une dépression sévère pendant des mois et crie vers Dieu pour obtenir un signe. Sans réponse elle se pense perdue. En aout 2020 elle se rend à la messe de l’Assomption espérant que Marie lui montrerait comment rencontrer son Fils si elle le lui demandait. Le jour même en sortant de la messe, son mari l’attend avec une enveloppe anonyme déposée dans leur boite aux lettres, en l’ouvrant elle découvre le livre témoignage10 du père Adrien Sawadogo converti de l’islam « la coïncidence était quand même trop grosse, la sainte Vierge est époustouflante ! ». Pas encore tout à fait rassurée et devenue sceptique, elle se rend à un groupe de prière charismatique pour demander la guérison d’un de ses enfants atteint d’un handicap cognitif, comme preuve que Jésus est bien le Fils de Dieu. Entendant parmi la foule une parole de guérison précise elle fond en larmes avec la certitude que c’est bien pour elle.
Au bout de quelques semaines, l’état de l’enfant s’améliore assez soudainement au point d’interpeller les institutrices. Elle entame alors des démarches pour recevoir les sacrements et pouvoir communier. En 2021 découragée par les obstacles pour faire reconnaitre son baptême, se marier, faire baptiser ses enfants, et face aux problèmes d’autres ex-musulmans qui ont pris contact avec elle, elle commence à perdre foi. Elle s’adresse à nouveau à la Vierge « Je suis fatiguée voire en colère, au vu de la difficulté à intégrer l’Eglise, malgré le zèle de mon curé, je croyais que la véritable religion serait prompte à intégrer ceux qui frappent à la porte. Comment m’accrocher et encourager le autres convertis fragilisés à faire de même ? » Ce jour-là, en passant devant un bac de livres d’occasion en vrac, une couverture verte attire son regard, il s’agit du témoignage de Joseph Fadelle, le prix à payer11. La leçon reçue de ce témoignage les réconforte elle et les ex-musulmans découragés qu’elle avait commencé à accompagner sur internet. Apaisée et sur la voie de la guérison spirituelle, C. qui sera confirmée en 2023, cherche désormais à prévenir les catholiques des dangers de l’islam. Aujourd’hui par l’accompagnement des ex-musulmans au sein de Mission Ismérie et sur internet, C. a trouvé un sens aux épreuves qu’elle a dû surmonter.
1 Tariqa : confrérie soufie 2 Malikite : Une des quatre écoles de jurisprudence de l’islam sunnite fondée sur l’enseignement de l’imam Malik ibn Anas (711-795) 3 Mahdi : « le bien guidé » figure eschatologique envoyé et inspiré par Allah. Interviendra à la fin des temps pour restaurer l’islam et instaurer la justice. Identifié au dernier imam dans le chiisme duodécimain. 4 Cheikh : guide spirituel qui dirige la tariqa 5 Chyoukh : pluriel de cheikh 6 Shafiite : Une des quatre écoles de jurisprudence de l’islam sunnite fondée sur l’enseignement de l’imam Ash-Shafi (767-820) 7 Hanafite : Une des quatre écoles de jurisprudence de l’islam sunnite fondée sur l’enseignement de Abou Hanifa An-Nouman Ibn Thabit (699-767) 8 Cf. Al Muwatta de l’imam Malik chapitre 2 n° 1116 et 1117 http://ddata.over-blog.com/4/22/62/75/Al-Mouwatta.pdf 9 Le Coran des historiens, dir. Mohammed Ali Amir-Moezzi et Guillaume Dye, éditions du Cerf, 2019. ISBN : 9782204135511 10 Dieu m’a saisi : hier musulman, aujourd’hui prêtre catholique d’Adrien Mamadou Sawadogo, éditions des Béatitudes, 2020. ISBN 9791030603385 11 Le prix à payer de Joseph Fadelle, éditions Pocket 2010. EAN : 9782356310606
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