Respect de la liberté de conscience et « Charte des principes pour l’islam de France »
Chers amis,
Une « Charte des principes pour l’islam de France » rédigée par le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) a été rendue publique le 18 janvier 2021. Signée par cinq des neuf organisations qui composent ce Conseil, la Charte prend position contre « l’islam politique » et insiste sur la compatibilité entre l’islam et les valeurs de la République.
Dotée de 10 articles, la Charte introduit notamment la notion de liberté de conscience. Dans l’article 3 titré « La Liberté », les signataires s’engagent « à ne pas criminaliser un renoncement à l’islam, ni à le qualifier d’apostasie, encore moins de stigmatiser ou d’appeler, de manière directe ou indirecte, à attenter à l’intégrité physique ou morale de celles ou de ceux qui renoncent à une religion ».

Le texte doit maintenant être adressé aux Conseils Régionaux du Culte Musulman, « l’objectif étant de les partager avec l’ensemble des acteurs de l’islam en France » explique le communiqué du CFCM.
De prime abord, on ne peut que se réjouir de cette initiative semblant aller dans le bon sens et qui mériterait sans doute d’être encouragée. Cela étant, quelques observations s’imposent. Tout d’abord, concernant la portée institutionnelle, seule une grosse moitié des représentants a signé la Charte, la réception au niveau local étant loin d’être gagnée aux dires mêmes du CFCM. D’autant plus que, le 21 mars dernier, des dissensions se sont fait jour au sein des instances constitutives du CFCM à propos de la représentation du culte musulman.
Plus que jamais, les ex-musulmans doivent être protégés et soutenus, particulièrement ceux qui ont choisi le Christ, certainement plus menacés encore que les autres.
Au-delà de ces péripéties internes de mise en œuvre, en s’interrogeant sur le fond, on ne peut que déplorer l’ambigüité de la formulation de cette charte. Chaque article est construit sur le même modèle : le rappel d’un cadre général, puis l’engagement des signataires, mais ces deux rubriques ne se recoupent pas forcément. Dans l’article 3, par exemple, s’il est rappelé que la liberté permet à chaque citoyen de changer de religion (cadre général légal), cela n’est pas repris dans l’engagement des signataires. On observe donc un certain décalage entre les principes posés et les engagements souscrits. Ainsi, dans les faits, les signataire tolèrent que des musulmans ne pratiquent pas l’islam mais n’acceptent toujours pas qu’ils le quittent et deviennent athées, et moins encore qu’ils ne se convertissent à une autre religion.
Avant la signature de cette charte, les ex-musulmans souffraient de brimades et menaces, de la rupture quasi-totale avec leur famille et leur environnement d’origine. Certains mêmes craignaient pour leur vie. Or, rien dans cette charte n’est de nature à changer leur situation. Plus que jamais, ils doivent donc être protégés et soutenus, particulièrement ceux qui ont choisi le Christ, certainement plus menacés encore que les autres. Ne les abandonnons pas ! C’est pour eux que Mission Ismérie existe et agit, grâce à vous.
Marc FROMAGER , directeur Mission Ismérie
Mars 2021