Le zoom : l’islam en Iran
Lorsque nous présentons Mission Ismérie, on nous répond souvent que la conversion des musulmans à la foi chrétienne est impossible, ou extrêmement rare. Et pourtant, c’est un phénomène qui est en train de se produire à très grande échelle dans les pays musulmans, preuve s’il en est que c’est possible et que cela se produit. Intéressons-nous par exemple au cas de l’Iran.

L’islamisation du territoire iranien est très ancienne, remontant aux « conquêtes arabes » des origines de l’islam et à la constitution de l’empire abbasside aux VIIIe siècle. Cette islamisation fut cependant très progressive, et l’on estime que ce n’est pas avant le Xe siècle (voire bien au-delà) que la population y devint majoritairement musulmane. Saviez-vous d’ailleurs que ce territoire, comme l’ensemble du Moyen-Orient, était principalement chrétien ? Le christianisme y était une des religions d’État, sous l’autorité du catholicos, le patriarche de l’Église orientale en Perse, fondée à l’époque apostolique (et longtemps accusée, faussement, de nestorianisme). D’autres confessions et Églises chrétiennes étaient aussi présentes, certaines monophysites. Et puis aussi des restes de manichéisme, et bien sûr le zoroastrisme, religion traditionnelle des païens préchrétiens que les élites persanes et le pouvoir impérial avaient relancée (0).
Dès le Xe siècle, l’empire des califes abbassides commence à se disloquer. Un califat chiite s’installe en Egypte (les Fatimides), et un autre courant chiite, auparavant lié au califat abbasside, se constitue : ce sont les Bouyides, qui mettent les Abbassides sous tutelle pendant plus d’un siècle. Viendront ensuite les invasions mongoles et turques, et la constitution des empires ottoman et timouride. Au XVIe siècle, les Séfévides établirent leur dynastie, et l’Iran renaquit comme entité indépendante, empereurs, rois, shahs s’y succédant jusqu’au XXe siècle.
L’Iran est ainsi depuis le XVIe siècle le principal foyer du chiisme (chiisme duodécimain), conservant cependant d’importantes minorités juives et chrétiennes. L’évolution libérale et pro-occidentale du XXe siècle a connu un coup d’arrêt avec la révolution islamique de 1979, dans une forme de relance d’un islam dur, le « régime » des mollahs et des ayatollahs, qui corseta la société selon les règles de l’islam.
Paradoxalement, cette relance de l’islam a contribué à déclencher une forme de crise existentielle musulmane en Iran : les promesses de la révolution n’ont pas été tenues, et une part croissante de la population, accablée par la rigidité de la charia, se détourne alors de l’islam, particulièrement la jeunesse. Une étude(1) menée en 2020 sur les réseaux sociaux auprès de 50 000 iraniens a établi que seulement 40% d’entre eux étaient encore musulmans ! On observe(2) parallèlement une explosion des conversions au christianisme. Les spécialistes parlent de 800 000 convertis, voire plus d’un million (hors minorités chrétiennes traditionnelles, chaldéennes essentiellement). Cette situation nouvelle et incroyable est très peu connue. On peut parler en Iran d’un « souffle dans la maison de l’islam »(3), comme il s’observe aussi dans tout le monde musulman. Ce souffle arrive en France, et c’est pour l’accueillir et l’accompagner que Mission Ismérie a été fondée.
(0) : Nahal Tajadod, Les porteurs de Lumère, l’épopée de l’Église de Perse, Albin Michel, 2008
(1) : « Iranians’ Attitudes Toward Religion », GAMAAN & Abdorrahman Boroumand Center for Human Rights in Iran – étude à relativiser cependant au regard de la nature du public étudié (utilisateurs des réseaux sociaux) – https://gamaan.org/
(2) : https://jesusoumohamed.com/2017/12/04/effondrement-de-lislam-et-conversions/#Iran
(3) : David Garrisson, Un souffle dans la maison de l’islam, Éd. Première Partie, 2016