Tuée pour s’être convertie
Nous sommes au nord de l’Irak, près d’Ankawa, un quartier majoritairement chrétien d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Le 8 mars, Journée internationale de la femme, on apprend le meurtre, survenu deux jours plus tôt, d’une jeune femme de 20 ans, Eman Sami Maghdid, baptisée Maria.
Maria a été tuée à l’aide d’un couteau par son frère et son oncle. Elle a ainsi été punie par sa famille pour avoir abandonné l’islam et embrassé la religion chrétienne, devenant ainsi coupable d’apostasie.
Les membres de la famille affirment que le christianisme n’était pas la raison du meurtre mais plutôt le fait que Maria voulait vivre seule après avoir quitté son mari qu’elle avait été forcée d’épouser à l’âge de 12 ans.
Quoiqu’il en soit, il nous faut rappeler que l’apostasie – le renoncement public à une religion – est théoriquement puni de mort dans l’islam et on voit bien ici qu’il ne s’agit pas uniquement de théorie.
Cette menace réelle qui pèse sur tout musulman a clairement un effet dissuasif, ce qui explique la faible résonance qu’ont les conversions au christianisme de la part de musulmans à travers le monde. Dissuasif parce que cela doit en décourager plus d’un mais aussi pour la nécessaire discrétion, voire confidentialité, avec laquelle ceux qui décident de franchir le pas entourent leur conversion.
Même en France, les convertis adoptent une réelle prudence et même leur proche entourage ne sait pas toujours. Lorsque c’est le cas, il y a presque toujours de fortes tensions qui mènent en général à une rupture familiale, dans le meilleur des cas provisoire, mais qui peuvent aussi se traduire par des menaces, voire pire.
Avec l’ECLJ, nous avions participé l’an passé à un Rapport sur la persécution des chrétiens ex-musulmans en France et le constat s’avérait assez effrayant. On comprend mieux la discrétion des convertis, même si l’omerta qui règne sur ces questions de la part des pouvoirs publics et des médias reste un mystère, surtout en cette époque où l’on valorise tellement le libre choix de chacun. Certains semblent moins libres que d’autres …
Et pourtant, cela peine à ralentir le profond mouvement de conversions de l’islam au christianisme que nous observons un peu partout dans le monde et en particulier dans les pays à majorité musulmane, que ce soit en Iran, dans la péninsule arabique, en Indonésie et en Afrique.
Si elle ne s’était pas convertie, Maria ne serait sans doute pas morte. Certains, y compris dans l’Église, remettent en cause l’annonce de l’Évangile auprès des musulmans sous prétexte d’éviter ce genre de drames. Quelque part, c’est toute la théologie du martyre qui s’effondre.
S’il fallait renoncer au Christ pour ne pas subir d’épreuves, que resterait-il du christianisme ? Qu’est-ce que cela dit de notre propre foi ? Et qu’est-ce que cela dit de notre charité ? On croit, par charité, épargner aux musulmans des épreuves mais ce faisant, on les prive de connaître le Christ. Est-ce charitable ? Est-ce même raisonnable ?
Chez Mission Ismérie, nous partons du principe que les musulmans ont eux aussi le droit de rencontrer le Christ, qui ne se prive pas de leur apparaître de manière de plus en plus répétitive. Et nous voudrions nous y opposer ? Confions-nous à l’intercession de Maria !
Marc FROMAGER